Qui aurais-je été, moi, si Éliane m’avait eu d’un autre homme? Si elle m’avait conçu avec ce lieutenant Delor, j’aurais été un homme doux, sans doute, et posé comme lui. J’essayais de me représenter physiquement : de taille moyenne, voire petit, de corpulence fine et sèche, j’avais la peau brune, des cheveux noirs frisés, denses et brillants û plus rien à voir, enfin, avec cette plaie de rouquin à la peau trop fragile. Mon imagination s’arrêtait là et le commencement de fiction s’éventait aussitôt, aporétique et sans issue, puisqu’on ne récrit pas l’histoire, celle de son corps encore moins que celle des hommes.